Peut-on prendre l’avion après avoir plongé en bouteille ?

Lorsque vous plongez en bouteille, vous respirez de l’air sous pression (pas de l’oxygène pur). Cet air est composé d’environ 20% d’oxygène et 80% d’azote.

En inspirant davantage d’azote, votre corps va emmagasiner temporairement de l’azote, qui sera ensuite éliminé naturellement et progressivement dans les heures qui suivent la plongée, simplement en expirant, par le filtre pulmonaire. On parle ici d « azote résiduel ».

C’est pour éliminer l’essentiel de cet azote résiduel que les palanquées effectuent systématiquement un palier de sécurité de 3 minutes à 5 mètres en fin de plongée (et parfois des paliers plus importants pour les plongées profondes). Ainsi, la durée du palier dépend de l’accumulation d’azote, qui elle-même dépend de la profondeur de la plongée et du temps passé sous l’eau. On peut regarder les tables de plongée pour mieux comprendre ce phénomène d’élimination progressive. Les ordinateurs de plongée calculent cela automatiquement, nous évitant bien des calculs !

Sur les vols comme entre Fort-de-France en Martinique et Paris Charles-de-Gaule, les cabines sont pressurisées à 0,8 bar environ, ce qui équivaut à une randonnée à 2000m d’altitude, avec donc 20% d’azote en moins qu’à la surface de la mer.

Le risque à prendre l’avion au sortir de la plongée serait que la baisse de pression liée à la pressurisation de la cabine favorise un dégazage anarchique de l’excès d’azote, pouvant générer un accident de décompression et nécessiter l’inhalation d’oxygène pur.

Plus l’on descend profond, plus la pression est forte, et donc plus la pression partielle d’azote est importante. Par exemple à 10m il y a deux fois plus de pression qu’à la surface, donc deux fois plus d’azote et d’oxygène. Si vous plongez à 40 mètres de profondeur, la pression sera de 5 bars donc 5 fois plus d’azote et d’oxygène. En résumé lorsque nous respirons de l’air comprimé à des profondeurs importantes, notre corps absorbe plus d’oxygène et d’azote qu’il n’en a réellement besoin pour fonctionner normalement.

• Par rapport à l’avion, c’est uniquement la saturation en azote qui peut s’avérer problématique.

Si vous effectuez des plongées successives (deux plongées ou plus dans la même journée), vous n’aurez pas totalement éliminé l’azote résiduel de la première plongée en démarrant votre seconde plongée. L’accumulation d’azote est ainsi renforcée lorsqu’il y a des plongées consécutives ou successives. Malgré tout, il est fréquent de faire 2 plongées dans la même journée voire la même matinée, avec un intervalle de surface potentiellement réduit entre deux plongées. Vous n’avez pas encore éliminé l’azote résiduel de la première plongée que vous ajoutez à cela encore de l’azote au travers d’une seconde plongée. C’est une pratique subaquatique communément répandue aussi bien dans les centres FFESSM, ANMP, PADI et avec les moniteurs de plongée SSI. Cela n’a rien de choquant ou de dangereux en soi, y compris pour des débutants. Ce sport sous-marin implique simplement de ne pas prendre l’avion dans les heures qui suivent !

En synthèse : mieux vaut donc être prudent et attendre 24h avant de prendre l’avion si vous avez effectué plusieurs plongées dans la même journée.

La saturation en oxygène n’est pas un souci pour les plongeurs, en tout cas jusque 60 mètres, c’est-à-dire le maximum autorisé à l’air en France. L’oxygène peut devenir problématique à plus forte concentration. Cela concerne notamment :

• les plongeurs “Tek” qui plongent en trimix : un mélange de 3 gaz (oxygène azote et hélium) permettant de plonger encore plus profond en toute sécurité avec un scaphandre autonome, permettant d’accéder à certains spots profonds, notamment des épaves particulières
• les plongeurs qui utilisent un recycleur, système fermé qui purifie l’air pendant la plongée : personnes passionnées de technique, souhaitant faire de très longues plongées et aussi les militaires pour ne pas se faire repérer depuis la surface avec des bulles.
• les plongeurs qui plongent au Nitrox, c’est-à-dire avec de l’air enrichi en oxygène. La quantité d’oxygène est adaptée en fonction de la profondeur prévue pour la plongée. Cela limite la sensation de fatigue et réduit les risques d’accident, notamment l’accident de décompression. Les plongeurs qui font fréquemment 2 voire 3 plongées chaque jour passent parfois la formation de plongée de spécialité “Nitrox” avec un instructeur pour justement avoir une satursation plus faible en azote à l’issue de leurs plongées dans notre merveilleux monde sous-marin.

Pour ces mêmes raisons qu’il est interdit de faire de l’apnée juste après une plongée, la manoeuvre de vasalva nécessitant de mettre le coeur en pression, alors qu’il y a encore de l’azote résiduel de la plongée. C’est important y compris si vous avez fait tomber votre GoPro, votre appareil photo, votre masque ou votre ordinateur à la fin d’une plongée : vous ne pouvez pas redescendre en apnée sans attendre, même s’il n’y a que quelques mètres. Les instructeurs de plongée ont l’habitude de le répéter à la fin de chaque plongée, c’est pour votre sécurité !

Il est également déconseillé de pratiquer du sport intensif après une plongée, ni de monter en altitude juste après une plongée : on ne peut pas faire une plongée à 40 mètres le matin et monter en haut de la Montagne Pelée l’après-midi. L’exercice physique intense augmente le taux de circulation sanguine et stimule la libération d’azote dissous dans notre corps. Si nous avons encore de l’azote résiduel de la plongée dans notre corps, cela peut entraîner une formation de bulles d’azote dans notre système sanguin, et peut potentiellement provoquer des accidents de décompression.

En revanche, vous pouvez tout à fait aller faire une belle randonnée le matin comme par exemple le sentier du Morne Larcher plus connu sous en Martinique sous le nom de Dame Couchée, et faire de la plongée bouteille l’après-midi.

Après une plongée sous-marine passionnante en milieu naturel, il reste malgré tout pas mal d’activités à faire pour prolonger cette expérience unique. C’est le bon moment pour regarder les photos et vidéos prises de la faune et la flore sous-marine de notre parc national, admirer les visuels des tombants de plongée, progresser dans la compréhension des habitants des fonds marins. Vous pouvez aussi aller profiter des plages ou des restaurants de la Martinique : il y en a pour tous les styles ! Notre club de plongée situé à Grande Anse vous donnera une occasion après votre journée en catamaran de visiter cette partie de l’île cachant de splendides et somptueuses plages et pour les amateurs de mojito ou de piña colada le Bidjoul, vous propose de prendre un petit verre les pieds dans l’eau à Grande Anse.

A la descente de l’avion, vous pouvez vous sentir un peu fatigué et ressentir l’envie ou le besoin de vous reposer. La position assise et statique qu’impose le voyage en avion n’est pas l’idéal pour une bonne circulation sanguine, et vous pouvez tout à fait avoir envie de vous poser.

En revanche,sur le plan médical, il n’y a aucune contre-indication à pratiquer la plongée dès que vous avez atterri. Certains clients viennent d’ailleurs chez nous dès leur premier jour de vacances : avec le décalage horaire, ils sont réveillés de bonne heure, et arrivent en pleine forme à 8h30. Leur calcul est d’accumuler de la “bonne fatigue” entre la plongée bouteille, le snorkeling avec les tortues, les paddles, et du coup de s’endormir facilement et tôt le premier soir, pour gérer plus facilement le décalage horaire. Chaque plongeur est différent et chacun sature de façons différentes. A chacun sa méthode !