Manger du poisson lion, un plat à la fois écologique et raffiné
De son petit nom scientifique « Pterois volitans », le poisson lion est une espèce invasive envahissante qui a pris de l’essor aux Antilles : n’hésitez pas à déguster ce poisson raffiné sans modération, c’est un plat écologique ! Cette rascasse volante dévore des quantités importantes d’alevins et constitue en effet une véritable menace pour l’équilibre de nos écosystèmes.
Une espèce invasive aux Antilles
Cette espèce est originaire du Pacifique et de l’Océan Indien. Elle a très probablement été introduite accidentellement aux Antilles au début des années 90. Il est probable que quelques spécimens se soient échappés d’un aquarium endommagé par l’ouragan Andrew en 1992, à moins que ces derniers n’aient été relâchés incidemment avec les eaux de ballast des cargos ou que des aquariophiles sans scrupules l’aient rejeté à la mer. Dans tous les cas, différentes analyses génétiques ont démontré que tous les poissons lions des Caraïbes n’appartiendraient qu’à 9 poissons maximum à l’origine !
Admirer des poissons lions : un animal magnifique
Sa robe splendide lui a valu son nom : ses appendices tachetés flottant sur ses côtés peuvent en effet faire penser à la crinière d’un lion. Depuis 2017, nous avons constaté au fil des mois l’évolution de son comportement. Du fait de l’essor de la pêche de cette espèce invasive, il se cache de plus en plus sous les anfractuosités rocheuses pour s’alimenter davantage la nuit. Je n’aurais jamais pensé observer des schémas comportementaux modifiés en quelques mois : personnellement j’avais sous-estimé son intelligence et ses capacités d’adaptation.
Cette espèce détient tous les atouts pour proliférer durablement dans nos eaux dépourvues de leurs prédateurs originels (très grands mérous notamment). Les femelles atteignent leur majorité sexuelle avant un an et disposent d’une espérance de vie supérieure à dix ans. Pondant en moyenne 30 000 œufs tous les 4 jours, il s’agit d’un « super-reproducteur », et sa prolifération est foudroyante !
Dans les zones particulièrement envahies par les poissons lion, on estime que ces derniers peuvent avaler jusqu’à 800 kg de proies par hectare et par an. Cet animal est ainsi en train de décimer des récifs coralliens qui constituent des « pouponnières » pour les autres espèces, comme par exemple le poisson perroquet…
Nous ne ferons pas disparaître ce prédateur, car il est encore présent à plus de 300 mètres, où nous n’irons pas le pêcher. Malgré tout, il est essentiel de protéger notre biodiversité en régulant au maximum sa présence sur nos récifs.
Des campagnes ont ainsi été menées dans toute la Caraïbe afin de sensibiliser les pêcheurs, professionnels et de loisirs, à chasser ce poisson… Il possède des épines venimeuses dans ses nageoires dorsales, anales et pelviennes, dont la brûlure est extrêmement douloureuse.
Avec un peu de vigilance et d’habitude, ces dernières peuvent facilement être retirées à l’aide d’un couteau ou d’un ciseau à poissons. Son venin étant thermolabile, il ne présente en plus aucun danger une fois cuit, contrairement au fugu du japon ou au diodon de roche par exemple.
En Martinique, en 2022 certains clubs de plongée ont demandé et obtenu l’autorisation de pêcher cette espèce invasive en bouteille, les plongeurs utilisant leur pêche uniquement pour leur consommation personnelle.Ils figurent sur le décret publié par la DEAL et la Direction de la Mer.
La bonne nouvelle, c’est que la chair de ce poisson est à la fois savoureuse et très raffinée. Il fait partie de la grande famille des rascasses, historiquement utilisés depuis l’Antiquité pour la fameuse bouillabaisse méditerranéenne !
De plus en plus de restaurants de Martinique le mettent désormais à leur carte, y compris parmi les gastronomiques. En brochette, en tartare, en marinade, cuit au barbecue ou au four avec des petits légumes, il existe 1001 façons de le déguster. Un slogan en créole illustre le comportement cible par rapport à ce poisson : «Manjé’y an tout sòs» (Mangez-en à toutes les sauces).
Ce poisson est beaucoup plus adapté à nos problématiques environnementales que de manger du lambi, une espèce qui aurait besoin au contraire de davantage de protection.
En conclusion : ce poisson fait désormais partie de la gastronomie de Martinique. Pêchez-le et cuisinez-le sans retenue ! Ainsi, vous régalerez vos invités de mets délicieux tout en limitant les ravages de cet envahisseur des mers !
Une question ?
Vous souhaitez plus de renseignements, appelez-nous au +33 6 21 20 92 97, ou laissez-nous un message via le formulaire ci-dessous. N’hésitez pas à anticiper car l’hiver en haute saison nous sommes souvent complets pour les jours à venir !