Manger du poisson lion, un plat à la fois écologique et raffiné
Connaissez-vous le poisson lion, ou “Pterois volitans” pour les intimes ? Cette espèce envahissante a fait des Antilles son terrain de jeu, dévorant à tour de bras les alevins, ces bébés poissons qui sont cruciaux pour l’équilibre de nos écosystèmes. Et si je vous disais qu’en le dégustant, vous participez à une démarche écologique tout en savourant un plat des plus raffinés ? Un vrai double coup de cœur pour la planète et vos papilles !
Un poisson spectaculaire à observer
Le poisson lion ne passe pas inaperçu avec ses magnifiques appendices tachetés qui évoquent une crinière de lion, d’où son nom. Mais au-delà de sa beauté, il a su s’adapter rapidement aux nouvelles conditions de pêche. Depuis 2017, on observe qu’il se cache davantage dans les rochers et chasse désormais la nuit, un comportement qui illustre son intelligence et ses capacités d’adaptation étonnantes.
Une espèce invasive qui bouleverse les Antilles
Originaire du Pacifique et de l’Océan Indien, le poisson lion a été introduit accidentellement dans les Antilles dans les années 2000. Certains ont pensé qu’il s’agirait de spécimens évadés d’un aquarium des Etats-Unis après l’ouragan Andrew en 1992, mais aujourd’hui les scientifiques s’accordent davantage sur une provenance des eaux de ballast des cargos ainsi que d’aquariophiles sans scrupules qui en aient rejeté à la mer. Cette introduction d’une espèce non endémique a des conséquences majeures, menaçant sérieusement la biodiversité locale en raison de son appétit insatiable et de sa capacité de reproduction fulgurante.
Le poisson lion possède tous les atouts pour coloniser les eaux antillaises et proliférer : absence de prédateurs naturels, voracité exceptionnelle et surtout une capacité de reproduction impressionnante. Les femelles, matures avant l’âge d’un an, peuvent pondre jusqu’à 30 000 œufs tous les 3 à 4 jours, soit plus de 2 millions de bébés poissons par an ! Ce super-reproducteur est un véritable fléau pour nos récifs coralliens.
La vitesse d’ingestion de ses proies est impressionnante, elle a dû être mesurée en captivité pour que nos caméras soient en capacité de mesurer sa vitesse. Il projette sa mâchoire pour capturer ses proies.
Dans les zones envahies, le poisson lion consomme jusqu’à 800 kg de proies par hectare chaque année, détruisant des écosystèmes entiers, y compris les poissons perroquets essentiels à la santé des récifs coralliens. En s’attaquant aux juvéniles, il perturbe la chaîne alimentaire et peut entraîner la disparition d’espèces endémiques telles que le poisson perroquet. Bien qu’il soit impossible d’éradiquer cette espèce, il est crucial de réguler sa population pour protéger nos récifs.
Nous ne ferons pas disparaître ce prédateur, car il est encore présent à plus de 300 mètres, où nous n’irons pas le pêcher. Il n’y aura jamais de surpêche pour le poisson lion !
Un groupe de scientifiques a mené une expérimentation au Yucatan pour tenter d’enseigner à des requins d’attaquer et manger ces poissons, mais sans grand succès. Ils mangent les proies déjà mortes mais n’attaquent pas les poissons lion.
Même s’il est impossible d’éradiquer cette espèce de nos eaux tropicales, il est essentiel de protéger notre biodiversité et nos espèces exotiques en régulant au maximum sa présence sur nos récifs.
Face à cette menace, des campagnes de pêche ont été mises en place dans toute la Caraïbe pour inciter les pêcheurs à chasser le poisson lion. Le poisson volant possède des épines venimeuses dans ses nageoires dorsales, anales et pelviennes, pouvant infliger de sévère piqûres extrêmement douloureuses pour l’homme.
Avec un peu de vigilance et d’habitude, ces dernières peuvent facilement être retirées à l’aide d’un couteau ou d’un ciseau à poissons. Son venin étant thermolabile, il ne présente en plus aucun danger une fois cuit, contrairement au fugu du japon ou au diodon de roche par exemple.
En Martinique, en 2022 certains clubs de plongée et certains plongeurs ont demandé et obtenu l’autorisation de pêcher cette espèce invasive en bouteille, les plongeurs utilisant leur pêche uniquement pour leur consommation personnelle. Ils figurent sur le décret publié par la DEAL et la Direction de la Mer.
Et la bonne nouvelle, c’est que sa chair est délicieuse ! Ce poisson, membre de la famille des rascasses, était historiquement utilisé depuis l’Antiquité pour la fameuse bouillabaisse méditerranéenne ! De plus en plus de restaurants de Martinique le mettent désormais à leur carte, y compris parmi les gastronomiques. En brochette, en tartare, en marinade, en filet, cuit au barbecue ou au four avec des petits légumes, il existe 1001 façons de le déguster. Un slogan en créole illustre le comportement cible par rapport à ce poisson : « Manjé’y an tout sòs ! » (Mangez-en à toutes les sauces !). En conclusion : ce poisson fait désormais partie de la gastronomie de Martinique. Pêchez-le et cuisinez-le sans retenue ! Ainsi, vous régalerez vos invités de mets délicieux tout en limitant les ravages de cet envahisseur des mers !
Ce poisson est beaucoup plus adapté à nos problématiques environnementales que de manger du lambi, une espèce qui aurait besoin au contraire de davantage de protection.
Alors, si vous êtes curieux de découvrir le poisson lion ou même de nager avec lui, pourquoi ne pas passer une journée en petit comité sur notre catamaran de snorkeling et de plongée, ? Nous serons ravis de partager nos connaissances et vous offrir une expérience inoubliable.
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