Notre alimentation a changé au fil de nos années en bateau, et vous ?
Septembre 2020
Parmi les joies de la vie, l’alimentation est un sujet important chez nous ! “Je mange donc je suis” est une maxime qui nous parle à tous les 4…
La vie en bateau nous a apporté le plaisir de nombreuses découvertes culinaires !
Chaque région du monde a ses spécialités, ses produits. Je me rappelle avec plaisir nos dégustations d’olives et d’oranges en Espagne. Aux Antilles et plus particulièrement à Grenade et en Martinique, nous avons découvert notamment :
- des procédés de fabrication : pour la noix de muscade (je ne la connaissais qu’en poudre et dans des flacons Ducros…), le macis, la canelle, le seamoss (algue) et le chocolat. Nous avons ainsi visité avec plaisir différentes usines, où nous avons pu nous approprier peu à peu les différentes étapes, et découvrir par exemple la saveur des cosses fraîches de cacao. Pour les curieux n’hésitez pas à découvrir les récits d’une de nos visites conjointes avec nos amis les Patandre pour en apprendre davantage sur la noix de muscade ou vous documenter sur la confection du chocolat.
- revisiter les saveurs intenses de produits que nous connaissions auparavant, comme l’avocat, la patate douce, la langouste, la mangue, la banane, les ananas, la goyave, le fruit de la passion, l’eau de noix de coco, le jus de canne à sucre… Nous avons parfois découvert ou approfondi la diversité des sous-espèces et de leurs goûts respectifs (différentes sortes de mangues, espèces de langoustes et différence physiologique entre les mâles et les femelles, bananes…).
- découvrir des saveurs et apprendre à cuisiner des produits qui m’étaient inconnus jusqu’ici (pardonnez-moi mon ignorance svp !) :
- Des fruits : la pomme d’eau, la carambole, la prune de cythère (golden apple en anglais), le skin up, l’abricot pays, les cerises pays, et surtout la pomme liane.
- Des produits de la mer : le lambi (crustacé), le poisson lion (très raffiné), du SeaMoss (mousse de mer si l’on traduit en français, il s’agit d’une algue qui se prépare en jus)
- Des légumes : le gombo (légume vert), le fruit de l’arbre à pain, la papaye verte (en gratin avec une béchamel, miam !)
- Des épices que je ne connaissais pas sous leur forme naturelle : la noix de muscade, le macis (extérieur de la noix de muscade), les batons de cannelle, le curcuma frais.
L’alimentation en bateau nous a amené à développer notre adaptabilité et notre flexibilité. En métropole, j’avais l’habitude de rédiger une liste de course. Désormais, j’ouvre les yeux pour constater les produits disponibles à un instant T, dans un endroit particulier, et c’est ce qui me permet de faire nos approvisionnements. En arrivant aux Antilles, j’ai souvenir de partir faire des courses avec des projets de repas (plan A, et si jamais je ne trouvais pas mes ingrédients, j’avais prévu un plan B ou C…)… mais pour éviter de dérouler tout l’alphabet, j’ai changé mon approche ! Ouvrons nos yeux !!! Je trouve que notre planète gagnerait à ce que cette approche se développe davantage. En métropole par exemple, je suis effarée de constater toute la diversité présente sur l’étal des poissonniers, sachant toutes les pertes que cela occasionne. Une majorité de ces animaux sont morts pour rien… Ne pourrait-on pas se dire qu’on aimerait “du poisson”, peu importe que ça soit de la truite, de la daurade ou du thon, et s’adapter en fonction de la disponibilité du jour ? Et faire de même pour les fruits et les légumes ?
L’alimentation à bord nous offre davantage de joies des retrouvailles avec des produits qui nous plaisent, que cela soit ceux de notre culture (fromages, champagne, champignons, figues, fraises, groseilles ou abricots, par exemple) ou ceux de lieux auxquels nous revenons (retrouver les délicieux chocolats de Grenade l’été…). Ces occasions de plaisir sont multiples : lors de nos passages en métropole, en revenant de Grenade en Martinique (viennoiseries par exemple), en réceptionnant aux Antilles des amis qui rapportent des produits de notre terroir (fromage notamment), en achetant des produits importés qui nous séduisent comme le vrai Roquefort que l’on peut acheter dans certains magasins à Grenade. Et puis parfois on ne les trouve pas, comme lorsque l’abonnement Cuisine Aventure d’Ethan lui a proposé une recette à base de rhubarbe et une autre à base d’asperges fraîches : nous n’avons trouvé ni l’un ni l’autre et il nous a été impossible de réaliser ces recettes. L’attente et la faible disponibilité déculpent la désirabilité et le plaisir que l’on peut y trouver.
Je fais une parenthèse, mais à mon sens ce principe est valable aussi pour tous les autres biens, que ça soit les jeux des enfants, des livres, des pièces d’entretien pour mon VTT ou autre : et je crois que c’est une bonne alternative à la société de consommation. Nous sommes passés du “toujours plus pour plus de plaisir”, à “pas facile d’accès pour plus de plaisir“.
Pour cuisiner de bons petits plats en bateau, je fais preuve au fil des années de davantage d’anticipation et de stockage. La disponibilité et la prévisibilité ne sont pas les mêmes qu’en métropole, et nos moyens de transport ne sont pas identiques non plus. Les périodes où l’on circule en bus, à pied ou à vélo, il vaut mieux avoir peu de choses à prendre… De plus la majorité des produits qui conservent sont moins chers en Martinique qu’à Grenade. Nous faisons nos gros approvisionnements à l’endroit qui nous sied le mieux. Je vous avouerai que j’ai toujours eu une tendance à fonctionner en mode hamster en stockant assez facilement, je constate que cette tendance se révèle quand même très pratique et confortable, surtout si comme moi vous n’aimez pas passer votre vie à “magasiner”, comme disent nos amis québecquois…
Les produits qui constituent notre alimentation ont évolué au fil des ans. Nous avons diminué très fortement notre consommation de viande (quasi éliminé pour ma part), ainsi que les produits laitiers (crème fraîche, lait, yaourts, fromage). Que mange-t-on davantage alors ? Plus d’oléagineuses (courge, tournesol, amandes, noisettes, …), de légumineuses (pois chiches, pois cassés, lentilles), de légumes feuilles (chou, salade, chou chinois, …), d’épices (muscade, curcuma, gingembre, et autres).
Et plus le temps passe, plus j’essaie de m’améliorer dans ma façon de m’approvisionner. Je tente de diminuer notre empreinte carbone, d’avoir un plus fort pourcentage de produits locaux, moins de produits industriels, moins d’emballages, davantage de bio, plus d’achats en direct au producteur / moins en supermarché. Ne rêvez pas, je n’essaie pas de réunir tous ces critères en même temps, ni tout au long de l’année. Ca n’est pas parfait, mais je ne me vois pas organiser toute ma vie en fonction des possibilités d’approvisionnement, ça n’est pas ma première priorité dans la vie. A certaines périodes je culpabilise (par exemple quand j’achète une salade emballée dans du plastique ou un pot de compote en Martinique), mais au fil du temps, j’essaie d’apprendre plutôt à me réjouir de ce que j’arrive à trouver et ce qui est positif dans tout ça. Actuellement nous prenons chaque semaine de délicieux paniers de fruits et légumes bio, délicieux, locaux, de saison, sans emballage et achetés directement au producteur : imbattable, un cocktail 100% plaisir ! Je constate aussi que globalement qu’au fil des années, je m’améliore à ce sujet. Peut-être pas toujours assez vite à mon goût (il y a trois ans j’achetais encore des jus de fruits en mini-brique individuelle par exemple, et aujourd’hui nous nous servons régulièrement de boîtes de conserve comme les tomates concassées, certains fruits en conserve et le lait de coco), mais tout de même, je vais dans le bon sens !
Au fil des ans, nous consacrons de plus en plus de temps en cuisine. Nous adorons manger, et j’ai la chance d’avoir un mari qui partage avec moi les temps de cuisine. Nous disposons d’un frigo, de plaques feux et d’un four (à gaz), ça n’est pas très différent d’une cuisine à terre (sauf peut-être pour l’espace). Je me sens personnellement incapable de préparer 100% des repas, alors qu’en cuisiner 50% constitue un objectif beaucoup plus atteignable. Nos enfants vivants avec nous, nous avons tous nos repas à préparer : il n’y a pas la cantine de l’école ou du travail pour prendre le relais. En saison cyclonique, nous avons bien plus de temps libre, y compris pour cuisiner. Actuellement par exemple je suis dans une phase “je prépare des jus de fruits”. A Grenade, si nous voulons une pâte sablée ou brisée, des galettes de sarrasin ou du pain, eh bien il nous faut les préparer ! Parfois nous avons la flemme, mais en même temps on prend vraiment plaisir à bien manger ! En période intensive de travail, c’est plus délicat pour nous de trouver l’énergie et le temps de préparer de bons petits plats, et nous avons parfois recours à des solutions de facilité bien moins glamour (moins saines, moins bonnes pour l’environnement, plus industrielles, moins diététiques, …). J’essaie de faire preuve d’indulgence envers nous-mêmes : le mieux est l’ennemi du bien, et mieux vaut savoir être raisonnable.
Au fil des ans, la cuisine est aussi une activité de partage familial. Nos deux garçons s’y mettent de plus en plus. Ils ont commencé par les desserts quand ils étaient petits, et se sont peu à peu diversifiés. Matéo est le roi de la quiche et du pain, Ethan prépare toutes sortes de purées et des salades de fruits, et encore plus depuis cette année avec son abonnement “Cuisine Aventure” (il a désormais même sa toque de cuistot !). Nul besoin de faire l’école à la maison pour cuisiner avec ses enfants. En revanche, il est clair que l’école leur prend très peu de temps (moins qu’en système scolaire classique où un enseignant a besoin de gérer 25 ou 30 élèves…), et qu’ils ont donc énormément de temps libre pour investiguer tout un tas d’autres sujets, parmi lesquels la cuisine. Je me rends compte en écrivant cet article que c’est aussi une bonne illustration du principe de responsabilité : plus on y consacre des efforts, plus on en tire satisfaction. Les bonnes choses ne tombent pas “comme par miracle” dans la vie ! Certains jours les garçons proposent même spontanément de prendre notre relais. Je passe régulièrement de très bons moments à cuisiner avec l’un ou l’autre. Et plus on fournit d’efforts à préparer un bon repas, et plus on en retire du plaisir à partager !
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