Le poisson perroquet : jardinier des récifs coralliens
Ce magnifique poisson, emblématique des récifs tropicaux et subtropicaux, est bien connu aux Antilles pour son abondance et surtout pour les couleurs éclatantes de sa robe. Au-delà de sa beauté, le poisson perroquet joue un rôle crucial dans la préservation de nos récifs coralliens et la production de sable fin, essentiel à nos plages.
Un poisson au look enchanteur et aux couleurs fascinantes
Son nom vient de son bec puissant, semblable à celui du perroquet. Composé d’environ 1000 petites dents qui se renouvellent constamment, ce bec est plus dur que certains métaux précieux, comme l’or ou l’argent, grâce à sa composition en fluorapatite, l’un des biomatériaux les plus solides qui existent.
Ses couleurs évoluent avec l’âge, le sexe et même le statut social ! Les plus spectaculaires sont souvent les mâles adultes dominants, arborant des teintes vives, principalement dans les tons verts et bleus, parfois rehaussés de rouge. Actifs principalement le jour, à des profondeurs de 0 à 10 mètres, ces poissons sont un spectacle quotidien pour les plongeurs explorant nos récifs, même lors des baptêmes de plongée.
Il existe plus de cent espèces de poissons perroquets réparties en dix genres à travers le monde, comme le poisson perroquet à bosse (bolbometopon muricatum), originaire de la Mer Rouge, de l’océan Indien et du Pacifique tropical Ouest. Cette diversité témoigne de l’importance de ces poissons dans divers écosystèmes marins.
Un cocon de mucus pour un sommeil réparateur
La nuit, le poisson perroquet se crée une bulle de mucus pour se protéger des prédateurs. Ce cocon, qu’il élabore en une trentaine de minutes, agit comme un bouclier invisible, dissimulant son odeur et lui servant d’alarme si un prédateur, comme une murène, s’approche. En plus de cette protection, le mucus, riche en antioxydants, aide à soigner les blessures et infections. En snorkeling de nuit, observer ce poisson endormi dans sa bulle est un moment magique et rare.
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Le poisson perroquet est un hermaphrodite protogyne, comme les mérous et les labres : certaines femelles deviennent mâles au fil des années ! Les mâles, souvent plus colorés, prennent le relais pour défendre le territoire après la mort du mâle dominant, généralement une ancienne femelle devenue la plus grande du groupe.
En grattant les roches et en se nourrissant d’algues et de morceaux de corail, le poisson perroquet nettoie et revitalise les récifs, contribuant ainsi à leur éclat et à leur santé. Comme un jardinier soignant son terrain, les poissons perroquets (scaridae) permettent de maintenir en bon état des écosystèmes parmi les plus riches et les plus menacés de notre planète.
Observez ce travail minutieux lors de nos sorties journées en catamaran en petit comité.
Le poisson perroquet ne se contente pas de protéger les récifs, il produit aussi du sable corallien en broyant les morceaux de corail qu’il avale avec les algues. Ce processus, qui transforme le corail en grains de sable blanc, est essentiel à la formation des plages.
Après avoir gratté le film algal superficiel, sur la roche ou le corail mort, il absorbe à la fois des algues et des petits morceaux de corail. Ces derniers sont broyés lors du passage dans une sorte de poche semblable à un gésier située dans le système digestif de l’animal, ce qui les transforme en fins grains de sable blanc, un élément clé de nos plages paradisiaques.
70% du sable des Antilles pourrait ainsi avoir été excrété par des poissons perroquets.
Un seul poisson perroquet peut produire jusqu’à 100 kg de sable par an, soit 2 tonnes au cours de sa vie ! Une performance étonnante pour un poisson dont la taille moyenne atteint 30 centimètres en Martinique.
Malheureusement, on trouve encore facilement du poisson perroquet sur l’étal des poissonniers ou dans les rayons surgelés des grandes surfaces de Martinique et de Guadeloupe. J’espère que les pouvoirs publics français réglementeront le sujet afin de mettre un terme à ces pratiques alimentaires nocives, au même titre que personne ne mange plus de soupe à la tortue en Martinique. Suivant la dynamique initiée par le Mexique, Bonaire, Maldive et les Bermudes, la pêche du poisson perroquet est ainsi interdite à Saint Vincent depuis le 1er décembre 2019. Je ne peux que vous recommander de privilégier d’autres poissons pour vos assiettes comme le poisson lion, vous contribuerez ainsi à la protection de nos récifs coralliens si hauts en couleurs et à la préservation durable de nos plages paradisiaques !
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