Carénage en 50 heures top chrono
Octobre 2020
Nous démarrons l’automne avec le cinquième carénage de notre bateau : on commence à être des habitués !
Sortie de l’eau le mardi midi, retour à l’eau le jeudi midi : notre record d’efficacité ! Après les 24 heures du Mans, nous inventons les 50 heures du carénage. Que du bonheur !
J’aime bien prendre soin de notre bateau, le bichonner. En revanche je n’apprécie clairement pas de rester longtemps sur un chantier, et certaines années il m’a fallu en prime composer avec les risques de budget devenant explosif, de durée de travaux devenant exponentielle, ou les deux.
Lors de nos deux premiers carénages à Cannes, nous avions eu énormément de travail sur nos coques pour bien les protéger, et nous avions d’autres travaux de départ comme le changement des arbres d’hélice et des passes-coques, l’installation d’un nouveau sondeur et autres joyeusetés qui comportent toutes leur lot d’incertitudes. Serons-nous livrés à temps du matériel nécessaire ? Tel ou tel matériel étant finalement à changer également, quel sera le coût final de ce travail ? Se mettra-t-il à pleuvoir au moment où l’on souhaite passer la peinture, nous obligeant à différer notre travail ? Quand retournerons-nous (enfin) à l’eau ? Les aléas de budget et de calendrier peuvent s’avérer stressants, et ce d’autant plus que la vie sur un chantier n’est pas la panacée…
Comparativement, cette année nous avions une seule et unique chose à faire : remettre une sorte de peinture appelée anti-fouling. Cette dernière s’enlève au fil des navigations, et avec elles partent les crustacés, algues et autres organismes qui aimeraient bien emménager durablement sur notre voilier. Les 6 premiers mois, nous sommes magnifiques, glissants sur l’eau, tels des dauphins. Ensuite, le biocide contenu dans cette peinture perd de l’efficacité et il est nécessaire de “gratter” la coque régulièrement, jusqu’au moment où l’on devient vraiment trop “sales”, et alors on ressort le bateau de l’eau.
Revenons sur les différentes étapes de la pose de l’anti-fouling :
- acheter tout le matériel nécessaire : scotchs de peinture de top qualité, rouleaux, antifouling à bien choisir en prenant en compte ce qui est déjà posé sur la coque (tous les matériaux ne sont pas compatibles), etc.
- prendre rdv avec le chantier (Clarkes Court à Grenade cette année) : premier contact avec une équipe sympathique, qui nous reconfirme le tout par mail dès notre départ
- Rentrer le bateau dans la grue de levage et passer les sangles sous le bateau. Deux plongeurs du chantier s’occupent de localiser ces dernières, et comme chaque année Olivier préfère plonger avec eux pour être sûr de ne pas abîmer nos hélices. Si notre bateau était de grande série, cela ne serait pas utile, mais comme c’est un modèle plus rare (Quasar 50 du chantier Prout), nous préférons ne pas prendre de risque.
- faire passer le karcher sur les coques : équipe très efficace et consciencieuse, qui ne force ni trop, ni trop peu, et avec le sourire en prime. Il faut retirer les coquillages incrustés, mais ne pas trop forcer pour laisser ce qui reste d’antifouling. Un grand bravo à eux car au quotidien pour ce travail physique et plutôt pénible.
- déposer et caler le catamaran : le moment où je me dis qu’on est quand même plus serein qu’avec un monocoque qui serait forcément moins stable.
- poser les scotchs au-dessus de la ligne de flottaison : nous prenons toujours la marque 3M, pour que cela se décolle bien.
- mélanger la peinture avec l’outil spécial fixé sur la perceuse
- enfiler ma combinaison de cosmonaute (innovation 2020 pour moi, j’envisage de concurrencer Christian Dior pour les concours d’élégance…), prier pour qu’il ne pleuve pas, et passer la peinture au rouleau (2 couches cette année, soit 10 litres de peinture).
- Retirer les scotchs sans trop attendre pour ne pas qu’ils collent à la coque ou qu’ils arrachent la peinture
En parallèle, comme chaque année, nous en avons profité pour changer les anodes du bateau (protection contre l’électrolyse) et regraisser les hélices des moteurs.
Peu de personnes vivent sur leur bateau pendant un chantier. En effet, il y a du bruit, de la poussière, il est impossible d’utiliser nos toilettes qui fonctionnent à l’eau de mer, et les périodes où l’on peint, il ne faut pas d’humidité sur nos coques donc on ne peut pas faire couler d’eau dans la cuisine ou la salle de bain. Pour rentrer ou sortir de chez nous il faut passer par un escabeau car nous sommes à plusieurs mètres de hauteur : ce n’était pas simple quand les enfants étaient plus petits. Le poussière s’infiltre partout, et à bord c’est un bazar indescriptible, les outils, vêtements de chantier et autres s’entassant au gré des aléas. Pour vous faire rêver, un dernier détail, et non des moindres : les moustiques sont rarement présents sur le bateau car nous sommes trop loin de la côte… Mais à terre, c’est un autre sujet, et passé 17h30, nous fermons portes et fenêtres sauf celles ayant une moustiquaire, et l’on s’enferme à l’intérieur en ayant très chaud. Les insectes viennent quand même, ce qui anime nos nuits (bzz bzz). En prime une épidémie de dengue fait rage depuis quelques mois à Grenade, la zone autour du chantier étant réputée comme constituant l’un des principaux clusters de la maladie (avec quelques rares cas de chikungunya en bonus pour les aficionados). Pourquoi rester alors ? Nous avons toujours privilégié cette approche parce qu’en étant sur place, on peut passer tout notre temps à travailler sur le bateau. Il n’y a pas de temps de trajet, pas de risque de vol, et nous pouvons travailler tous les deux sur le bateau pendant que nos enfants sont “perchés” à l’intérieur. Chaque chantier a son ambiance : à Cannes il n’y avait quasiment que des professionnels, à Carriacou c’était plutôt une ambiance de propriétaires partageant leurs problèmes et solutions techniques. Quant à Clarkes Court, … eh bien je vous avouerai que je n’ai pas vraiment fait attention, c’était trop court et je n’ai guère prêté attention à notre environnement ! Cela m’a semblé moins animé. Je crois qu’il y avait surtout des bateaux de propriétaires posés à terre pendant que ces derniers sont rentrés en Amérique ou ailleurs, et quelques pro en train de travailler sur les voiliers.
Certaines familles font poser entièrement leur antifouling par des pro, d’autres se débrouillent en autonomie. Certains prennent des solutions hybrides : le père travaille sur le chantier en binôme avec un pro, la mère loge ailleurs et s’occupe de l’école et des enfants (désolée pour le sexisme mais je n’ai encore jamais observé l’inverse). Chez nous les enfants ont réussi à faire seuls leur matière quotidienne d’école (les détails sur notre organisation scolaire ici) pendant que nous avons effectué notre carénage en duo. Nous avons l’habitude de fonctionner ensemble, et la charge de travail n’est vraiment pas énorme. Si l’on devait remettre la coque à nue et vivre un mois de chantier, avec beaucoup de ponçage donc de poussière, je pense qu’on prendrait l’option hybride, principalement pour limiter la poussière qui rentre… Fort heureusement, cela n’est pas au programme !
Pendant ce chantier, nous avons même eu le temps de savourer des “buss’up shots”, spécialité culinaire de Trinidad que nous apprécions beaucoup (par ici les curieux s’intéressant à l’alimentation en bateau).
Après 2 nuits à terre, nous voici donc bien heureux de retrouver notre élément naturel : la mer !
N’hésitez pas à consulter tous nos articles de blog dans le menu “Equipe“, ou en cliquant sur les images ci-après :
[ess_grid alias=”grid” settings='{“max-entries”:”20″}’ special=’related’][/ess_grid]